maux croisés : MALADIE rénale et maladie coronarienne
Maladie rénale chronique et maladie coronarienne co-existent fréquemment chez une même personne. Les deux maladies ont pour point commun une altération des vaisseaux sanguins. À ce facteur explicatif de leurs liens étroits s’ajoutent un certain nombre d’anomalies observées dans la maladie rénale chronique et favorisant la maladie coronarienne. Voici quelques explications.
Quelques définitions
- La maladie rénale chronique est l’incapacité des deux reins à remplir pleinement leur fonction de filtration du sang. On parle d’insuffisance rénale à partir du stade avancé de la maladie (stade 3)(1).
Quand l’atteinte rénale est causée par le diabète, cette incapacité est liée à la détérioration des parois artérielles et capillaires des reins
- La maladie coronarienne désigne l’obstruction partielle ou complète des coronaires, les artères qui irriguent le muscle cardiaque, par des plaques d’athérome constituées en partie de graisses.
Ces plaques peuvent fragiliser la paroi de l’artère coronaire, entrainant une érosion voire une rupture au niveau de la plaque qui va conduire à la formation d’un caillot. Ce caillot survient en quelques minutes et peut boucher complètement l’artère même sur des plaques peu volumineuses. C’est la crise cardiaque, appelé également infarctus du myocarde.
Des altérations des vaisseaux sanguins dans la maladie coronarienne comme dans la maladie rénale chronique
Les maladies cardiaques et vasculaires sont 20 fois plus fréquentes chez les personnes ayant une maladie rénale chronique, quelle que soit sa gravité, que dans la population générale(2). Le risque de maladie cardiaque ou vasculaire augmente avec la progression de la maladie rénale(4,5).
1/4 des personnes ayant une maladie rénale chronique ont aussi une maladie coronarienne(4)
Le risque d’angine de poitrine ou de « crise cardiaque » est plus important avec une maladie rénale qu’avec un diabète sans maladie rénale associée(5). Par ailleurs, l’existence d’une maladie cardiaque ou vasculaire augmente la probabilité d’avoir une maladie rénale chronique(5).
Très souvent, ces liens étroits entre maladie rénale chronique et maladie coronarienne s’expliquent d’abord par le fait que les deux pathologies sont des maladies où les vaisseaux sanguins sont fragilisés. Elles sont favorisées par les mêmes facteurs de risque : hypertension artérielle, diabète, troubles de la régulation des graisses et tabagisme(4,5).
De nombreux troubles de la maladie rénale chronique favorisent la maladie coronarienne
Cependant les altérations des vaisseaux sanguins ne suffisent pas à rendre compte de l’ensemble de ce qui est observé quand les deux maladies co-existent.
En effet, la maladie rénale comporte par elle-même des facteurs prédisposant aux maladies cardio-vasculaires, notamment(4) :
- L’augmentation des taux d’acide urique et d’urée dans le sang. Ce sont des produits de dégradation de certaines molécules du corps qui sont éliminés par les reins. En cas de maladie rénale chronique, ils le sont moins et ont tendance à s’accumuler dans le sang
- La régulation hormonale s’effectuant dans le rein, la maladie rénale crée des perturbations des systèmes hormonaux qui eux-mêmes régulent la tension artérielle
- Les anomalies des taux sanguins de phosphore et de calcium. Les reins participent à la régulation de ces minéraux. Quand cette régulation est défaillante, ces minéraux peuvent se déposer dans la paroi des artères coronaires(3)
- L’anémie. Les globules rouges du sang transportent l’oxygène indispensable aux cellules de notre corps. Les reins sécrètent une hormone nécessaire à leur production par la moëlle osseuse, l’érythropoïétine. Dans la maladie rénale chronique, les reins fabriquent souvent moins d’érythropoïétine : moins de globules rouges sont produits, ce qui peut conduire à une anémie.
Enrayer le cercle vicieux insuffisance cardiaque - maladie rénale
Corriger l’ensemble de ces troubles est crucial, aussi bien pour améliorer la maladie rénale et la maladie coronarienne que pour atténuer le cercle vicieux qui existe entre elles(3,5). Aux mesures de protection des artères, il faudra ajouter la correction des troubles spécifiques à la maladie rénale chronique favorisant la maladie coronarienne. Cet ajustement se fera essentiellement avec l’aide de médicaments mais aussi du respect de quelques règles alimentaires : notamment limiter les apports en sel et prendre de la vitamine D(3,4).
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Références :
- KDIGO Clinical Practice Guideline for Acute Kidney Injury, Official Journal of The International Society of Nephrology, Vol 2, Issue 1, March 2012
- Foley et al., Clinical Epidemiology of Cardiovascular Disease in Chronic Renal Disease, American Journal of Kidney Diseases, Vol 32, No 5, Suppl. 3 November, 1998; pp: S112-S1192.
- Complications cardio-vasculaires des maladies rénales chroniques. Renaloo, 26 juin 2020. 26 juin 2020 https://renaloo.com/complications-cardio-vasculaires/
- Alexandre Karras. Un très haut risque cardiovasculaire. La Revue du Praticien Médecine Générale, tome 28, numéro 928. Octobre 2014.
- Nicolas Keller, Eric Prinz, Thierry Hannedouche. Insuffisance rénale chronique et risque cardio-vasculaire. Cordiam, 24 novembre 2020. https://e-cordiam.fr/archives/18293
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FR-8840 06/2021