Accompagner un proche

Je t’aide un peu, beaucoup, à la folie…

Comment doser l’aide à apporter à son conjoint malade pour le bonheur de chacun ?

Face à des épreuves éprouvantes de la vie comme la maladie, la présence et le soutien d’un conjoint, parent ou ami sont précieux. Mais comment apporter cette aide ? Comment comprendre et conjuguer ses besoins et les vôtres ? Comment intervenir à bon escient en respectant l’univers de l’autre… Le soutien d’un proche peut être semé d’embûches, a minima d’interrogations. Voici quelques balises pour le bien être des deux parties.

Doser son aide

« Je veux l’aider mais parfois je sens que j’en fais trop, je l’étouffe et lui rappelle la maladie »,

« Je suis avant tout la compagne de mon compagnon et je dois le rester »,

« Le mieux est parfois l’ennemi du bien »

… Parfois, les personnes malades et leurs conjoints peuvent pâtir d’une attitude qui se veut pleine de bonne volonté. Si aucune vérité universelle n’existe sur la question, voici quelques réflexions qui peuvent vous guider à trouver votre propre équilibre.

Personnalité et dialogue

La façon d’investir son rôle de conjoint d’une personne chroniquement malade est très différente selon les couples. Elle dépend de la personnalité des membres du couple.

  • Certains s’adaptent au statu quo voulu par le conjoint qui ne veut surtout pas d’aide, y compris pour le suivi médical
  • D’autres dans un couple sont en totale cogestion de la pathologie, posent des questions aux médecins et se lancent dans de nouveaux projets de vie
  • Dans un couple, certains préfèrent quant à eux se rendre simplement utiles en assurant les contraintes logistiques et administratives liées à la maladie : « J’ai pris pris en charge les problèmes matériels qui se posaient afin que cela ne pèse pas sur le rétablissement de ma femme »

  • Enfin, une dernière catégorie de personnes en couple préfèrera adopter une attitude plus en retrait : « Je suis présente quand je juge que cela apporte quelque chose à mon compagnon, je ne suis jamais intrusive ni directive » (Jacqueline, compagne d’Emile, souffrant de diabète et d’insuffisance rénale).

Toute la difficulté est de trouver un équilibre subtil entre désir de protection et respect de l’autonomie. Il faut en effet être vigilant à ce que le conjoint aidé ne se sente pas infantilisé et rejette cette autorité nouvelle. « Au début, je prenais tout en charge… et puis je me suis aperçu que ça n’allait pas, ma compagne ne supportait plus », souligne Jérôme, compagnon d’Hélène, souffrant d’une insuffisance cardiaque.

Attention au risque d’épuisement et traumatisme par procuration

Le risque à se comporter comme un conjoint “sauveur“ qui sait tout est de se fatiguer, de se décourager puis de se désengager. Vous risqueriez de jeter l’éponge parce que vous vous sentez impuissant. Pensez à déléguer.

Par ailleurs, le conjoint accompagnant ne doit pas s’oublier mais se protéger du traumatisme par procuration ou le “traumatisme vicariant“, qui peut apparaitre chez toute personne travaillant avec une personne traumatisée.  Ce concept de traumatisme vicariant, autrement appelé traumatisme secondaire, a été proposé par deux psychologues, Laurie PEARLMAN et Karen SATVINE, dans les années 1990, suite à une étude menée sur un groupe de personnes n’ayant pas vécu un traumatisme mais accompagnant des personnes concernées(1). Il exprime ainsi les séquelles traumatiques de ces personnes par identification et compassion. Il s’agit donc bien là de penser à l’autre sans s’oublier soi.

Offrir une oreille attentive et bienveillante, adopter une attitude positive empreinte de normalité malgré de nouvelles routines médicales, suivre les besoins médicaux et administratifs … constituent des aides précieuses mais n’oubliez pas que vous ne pouvez pas tout faire et que votre présence et affection valent déjà beaucoup.

Si le besoin de déléguer ou de simplement parler se fait sentir, votre médecin traitant, des professionnels de santé, des associations de patients peuvent vous épauler. Pensez-y !

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FR-8853 06/2021