Agir et vivre avec
Se sentir bien
Le changement, c’est vital
« Si c’était simple de modifier son mode de vie, je vous assure que ça serait fait depuis longtemps. Entre ma femme, mes enfants et les toubibs, qui me font la morale parce que je ne me préserve pas alors que j’ai une maladie « chronique », ce n’est plus un scoop ! » François, atteint de diabète de type 2, comme tant d’autres ne découvre pas que sa façon de vivre a des conséquences sur son état de santé. « On l’aura prévenu directement et indirectement par les messages de prévention diffusés un peu partout » insiste-t-il. « Est-ce du masochisme ? Pourquoi être sourd et aveugle et jouer à la roulette russe ? Est-ce parce que l’on se croit plus fort et que ça ne concerne que les autres ? Est-ce par facilité ? Est-ce parce que je suis une autruche ? C’est l’occasion ou jamais lorsque l’on est malade de changer ! Je devrais arrêter de fumer par exemple. Je sais bien, mais… quand j’ai arrêté, à chaque fois, j’ai encore plus mangé. Or avec mon diabète, je ne dois pas grignoter n’importe quoi. C’est comme si j’étais dans un cercle vicieux. »
Est-ce encore réversible ? Cet indéniable espoir mais aussi la peur de souffrir guident François dans sa démarche. « Assiette, baskets certes. Mais aussi : Body and soul… » Il décide de mettre toutes les chances de son côté car « cette fois, c’est sérieux. Faut pas rater l’alarme… »
A situation exceptionnelle…
Dans un processus de guérison, la globalité de la personne est engagée, son corps et son psychisme.
Lorsque la gravité d’une situation médicale l’exige, des forces inconnues réussissent à se mobiliser.
Pour réussir à changer, il convient de remettre en question les raisons fort peu raisonnables qui commandaient un mode de vie que l’on savait bien être très critiquable. Mais est-ce facile de vivre selon les diktats du moment ? Est-ce simple de se plier aux injonctions ? Pour certaines personnes c’est même complètement exclu pour des raisons ayant leurs racines très bien implantées psychiquement. Parfois, résister a été la meilleure solution. Avant que cela ne devienne un problème… C’est selon les histoires de vie. Aussi pour que le changement ce soit maintenant, il faut réaliser que le temps a passé, que désormais il n’est plus aussi établi qu’il faille continuer sur cette lancée.
L’accompagnement doit effectivement être Body and soul comme le suggère François. Psycho-soma, nous sommes, effectivement « le corps et la tête marchent d’un même pas et quand ce n’est pas dans la même direction, ça coince ! » disait encore ce patient en prenant conscience des causes inconscientes ayant été aux commandes de ce « je sais bien mais quand même » ayant guidé sa vie fort longtemps. Souhaitons-lui que cela n’ait pas duré trop longtemps et que les conséquences sur sa santé soient réversibles.
Nous essayons ici de lever le voile sur une multitude d’aspects des personnes à qui nous nous adressons. Chaque personne est singulière. Chacune a une histoire, c’est en la reprenant au cours d’une thérapie que les voies du changement individuel s’ouvrent. Chaque personne peut lever les freins pour réussir une mutation qui devient parfois réellement vitale.
Que conseiller ?
L’essentiel est de bien comprendre que changer exige de surmonter des résistances. Il s’agit de lever des freins. Même quand on souffre de certaines situations, il n’est pas simple de changer. Une fois que l’on a bien compris, plus exactement admis que des étapes sont probablement à envisager, on est renforcé. L’épreuve se prépare comme un marathon. On s’attend à ce que ce soit long et difficile. Ainsi chaque modification de comportement est une fête ! Et pas à pas on avance dans le changement. Le changement est dynamique. C’est un processus. Parfois, souvent même, chemin faisant, on s’étonne que les objectifs bougent, que de nouvelles directions s’offrent et favorisent avec souplesse des adaptations que l’on jugeait trop difficiles.
Pour conclure, il faut laisser sa chance au changement et l’aborder avec ténacité. Il n’y a aucun conseil pratico-pratique généraliste qui vaille puisque le maître mot est l’adaptation. En ayant en tête que jour après jour il est nécessaire de faire différemment on mesure les progrès en se retournant de temps en temps. Si on a fait du sur-place, il va de soi qu’il faut faire mieux. Ce sera Albert Einstein qui vous aidera au quotidien si vous affichez sur votre frigo (ou ailleurs) un post-it où vous écrivez cette phrase : la folie est de faire tout le temps la même chose et de s’attendre à un résultat différent.
Ce contenu a été rédigé par Catherine Grangeard, psychologue et psychanalyste
FR-11142 03/2022